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  • Des cultures sans engrais azotés?

    Des cultures sans engrais azotés?

    L’incontournable azote

    Dans l’agriculture de masse, l’azote est un élément essentiel à la croissance des plantes, notamment sous forme d’engrais chimiques. Ces derniers permettent d’obtenir des rendements élevés pour nourrir une population mondiale croissante. Cependant, leur utilisation intensive engendre des effets secondaires préoccupants. D’un côté, l’azote favorise une production agricole abondante, soutenant la sécurité alimentaire. D’un autre côté, il contribue à des impacts environnementaux significatifs, tels que la pollution des eaux (eutrophisation), les émissions de gaz à effet de serre (comme le protoxyde d’azote) et la dégradation des sols. Ces problématiques mettent en lumière la nécessité de trouver des alternatives durables pour préserver les écosystèmes tout en assurant une production agricole suffisante.

    Sauf quand il n’y en a pas 

    Certaines plantes, notamment les légumineuses comme le soja, le trèfle ou les haricots, possèdent une capacité remarquable : elles peuvent se développer sans apport d’engrais azotés. Cette faculté provient de leur symbiose avec des bactéries spécifiques appelées rhizobiums, présentes dans le sol.

    Ces bactéries colonisent les racines des légumineuses et forment des structures appelées nodosités. À l’intérieur de ces nodosités, les rhizobiums transforment l’azote atmosphérique, naturellement abondant mais inutilisable par les plantes, en ammonium, une forme d’azote assimilable. En échange, la plante fournit aux bactéries des nutriments essentiels à leur survie.

    Cette association bénéfique permet aux légumineuses de croître dans des sols pauvres en azote, sans nécessiter d’engrais chimiques. De plus, après leur cycle de vie, ces plantes enrichissent le sol en azote, améliorant ainsi sa fertilité pour les cultures suivantes.

    Une agriculture plus équilibrée grâce aux légumineuses

    Comprendre et exploiter cette symbiose est crucial pour développer des pratiques agricoles plus durables et respectueuses de l’environnement. En cultivant des légumineuses, les agriculteurs peuvent réduire leur dépendance aux engrais azotés de synthèse, diminuant ainsi les coûts et l’impact écologique de leurs activités.

    Sources : The Conversation

  • Le chien de 6 000 ans pourtant toujours « vivant »

    Le chien de 6 000 ans pourtant toujours « vivant »

    Imaginez un chien ayant vécu il y a 6 000 ans, dont les cellules continuent d’exister et de se développer aujourd’hui, traversant les âges et les générations. Une véritable énigme biologique, qui semble défier les lois de la nature. Pourtant, c’est exactement ce qu’est le CTVT, pour Canine Transmissible Venereal Tumor (ou Tumeur Vénérienne Transmissible Canine en français). Ce « cancer vivant » a intrigué et fasciné les scientifiques, au point de devenir un sujet d’étude clé dans la recherche biologique.

    Ce que l’on sait aujourd’hui : un cancer immortel

    Contrairement aux cancers habituels, le CTVT ne se limite pas à un individu. Il s’agit d’une lignée cellulaire unique, issue d’un chien ayant vécu il y a environ 6 000 à 11 000 ans, et qui continue de se propager en tant qu’organisme « parasite ». Lorsqu’un chien est infecté, il ne développe pas un cancer « propre », mais reçoit une sorte de greffe de cellules tumorales provenant de ce premier chien ancestral.

    Ces cellules se transmettent lors de l’accouplement, mais également par des contacts physiques, comme le léchage ou les morsures sur les muqueuses. Cette transmission, qui rappelle la propagation d’une maladie infectieuse, a permis au CTVT de persister à travers les millénaires.

    Un génome qui raconte une histoire

    Les cellules tumorales du CTVT portent encore le génome complet de leur « patient zéro », ce chien ancestral. Ce génome contient toutes les informations nécessaires pour former un museau, des dents, des pattes et tous les attributs physiques d’un chien. Pourtant, ces cellules n’en ont que faire. Elles ont trouvé un moyen de contourner ces fonctions en se focalisant sur un biais de survie bien plus efficace : se propager directement d’un hôte à un autre, en utilisant le corps des chiens vivants comme support.

    Une chronologie scientifique remarquable 

    Les origines et le fonctionnement de ce cancer transmissible ont été explorés dans plusieurs publications clés :

    • En 2006, une étude majeure publiée dans la revue Cell a révélé que le CTVT avait une origine clonale unique. Les chercheurs ont retracé cette tumeur à un patient zéro, un chien ayant vécu il y a des millénaires, sans aucun partenaire cellulaire pour l’aider à survivre.

    • Depuis, d’autres recherches, notamment publiées dans Nature, ont approfondi la génétique et l’évolution du CTVT, montrant comment cette tumeur a accumulé des mutations tout en restant viable et transmissible.

    Le cas du CTVT est d’autant plus intrigant qu’il s’agit d’un cancer transmissible ayant une origine unique, contrairement à un autre exemple célèbre, celui du DFTD (Devil Facial Tumor Disease) chez les diables de Tasmanie. Ce dernier, bien qu’aussi transmissible, présente plusieurs lignées distinctes, tandis que le CTVT est le descendant d’une seule lignée immortelle.

    Pourquoi le CTVT a-t-il survécu ?

    La persistance du CTVT pose des questions fascinantes sur l’évolution et la survie. Les cellules tumorales de ce « chien immortel » ont réussi à contourner les systèmes immunitaires de leurs hôtes, tout en s’adaptant à des environnements variés. Ce phénomène est un exemple de l’incroyable résilience des systèmes biologiques.

    D’un point de vue évolutif, il est intéressant de noter que les organismes unicellulaires, comme les cellules du CTVT, ont souvent un avantage en termes de survie. Libérées des contraintes d’un organisme complexe, elles peuvent se concentrer uniquement sur leur propre prolifération. Cela explique pourquoi les bactéries, les levures, ou encore des cellules comme celles du CTVT, survivent souvent mieux que les organismes multicellulaires.

    Un message pour l’étude du vivant

    Étudier des cas comme le CTVT nous apprend non seulement sur l’origine des cancers, mais aussi sur les stratégies de survie dans la nature. Ces cellules immortelles nous rappellent qu’il existe d’innombrables façons de persister dans le monde vivant, parfois en défiant ce que nous pensions possible.

    En fin de compte, ce cancer transmet un message fascinant : la survie n’est pas nécessairement synonyme de complexité. Parfois, simplifier, comme l’ont fait les cellules du CTVT, est la stratégie la plus efficace.